Les arbres diaboliques au Moyen Âge

La forêt fait naître de nombreuses légendes et suscite bien des fantasmes durant le Moyen Âge. L’homme qui s’y aventure a parfois rendez-vous avec le diable car on peut y trouver à la croisée des chemins des arbres diaboliques. Ils sont au service de la justice des seigneurs ou de la sorcellerie. Leur tronc sinueux, leur branches torturées, leur écorce irrégulière et leur grande taille leur donne un aspect sinistre. Nous allons vous raconter deux histoires effrayantes d’arbres diaboliques au Moyen Âge. Ils existent encore aujourd’hui.

Le chêne des sorciers

Sur la route de Marolle à Yvoy-le-Marron, se dresse, non loin d’un carrefour, le chêne de Mibrelan ou « chêne des sorciers », arbre diabolique du Moyen Âge. À l’époque médiévale, son histoire terrible se répand dans toute la Sologne. En effet, on raconte que les sorciers des environs s’y réunissent pour le sabbat et y viennent nombreux, chevauchant leur balai. Ils psalmodient et dansent au pied de l’arbre autour d’un chaudron ardent, attisent de gigantesques feux et pratiquent des rites sataniques.

En ce temps-là, peu de gens ont l’audace de s’aventurer en ce lieu la nuit tombée. Et, si certains voyageurs ont le malheur de passer trop près, ils doivent se mêler aux chorégraphies macabres des ensorceleurs. Ils deviennent à leur tour des âmes errantes à jamais. ainsi, dans les bois alentour, on entend des cris terrifiants, ceux des esprits damnés, à tout jamais pris au piège dans les griffes du Diable. Au loin résonnent les gémissements des victimes et les hurlements des sorciers. Des bruits angoissants d’animaux s’échappent aussi du tronc de l’arbre.

Cette légende effroyable témoigne des croyances et des peurs relatives au Diable durant la période du Moyen Âge. En effet, les gens songent alors tout au long de leur vie à l’au-delà qui les terrifie autant qu’il peut les rassurer. Deux grands royaumes s’affrontent alors : celui de Dieu et celui du Diable. Celui du Diable triomphe dans l’histoire du chêne des « sorciers ».

Le chêne au diable

Le chêne au diable également baptisé chêne aux pendus se trouve à Villaines-sous-Malicorne en Anjou, dans le bois des Justices, en surplomb d’un ancien chemin. Voici son histoire.

Dès 1409, le chef de la garde seigneuriale de la Flèche, Adam de Crez fait construire le château de Bonne Fontaine. Son titre prestigieux lui octroie le droit de rendre la justice sur son très vaste domaine. Des misérables y commettent parfois des délits sans gravité. On les arrête, la sentence est prononcée, souvent la peine de mort. On les emprisonne par la suite dans les douves du château dans l’attente de leur châtiment.

Lorsque l’heure de l’exécution sonne, des hommes armés emmènent les pauvres condamnés hagards vers leur potence, le chêne au diable. Au bord de la route, le grand arbre se dresse flanqué d’une énorme branche robuste qui ne craque jamais sous le poids des corps. On y conduit les suppliciés tremblants pour les pendre à des crochets (d’après certains témoignages) jusqu’au trépas. Le Diable se chargera de ces âmes égarées. Après avoir exposé les cadavres des malheureux à la vue de tous (le chemin est à ce moment-là très fréquenté), on les jette dans l’étang des sources de l’Argance. Leurs restes nourrissent les écrevisses du seigneur des lieux.

Ce n’est qu’en 1467 que la famille de Crez perd ce pouvoir de justice. Jehan Crespin en hérite puis la famille de Champagne le conserve jusqu’en 1543. Aujourd’hui, le chêne aux pendus, arbre remarquable, témoigne de la toute-puissance de ces seigneurs durant l’époque médiévale. En effet, ils détiennent alors le pouvoir de vie et de mort sur les pauvres gens.

Sources :

Le chêne du Mi-Brelan, repère de sorciers (lanouvellerepublique.fr)
SologneEtangs_guide2016-7.indd (sologne-des-etangs.fr)
le chêne au diable (villaines-sous-malicorne.fr)